Poème engagé...Le déserteur!
Comme devoir de français ma P'tite Pomme devait trouver une chanson ou un poème engagé pour une cause juste!!
Elle s'est engagé elle même à faire un bon devoir!! Et voilà que le 20/20 a pointé le bout de son nez!! J'ai adoré ce texte et c'est pourquoi je le partage avec vous!! Il a été écrit en 1954, à la fin de la guerre d'Indochine, et juste avant celle d'Algérie!! Boris Vian en est l'auteur!!
Le sujet est toujours d'actualité...Quelles qu'elles soient, toutes les guerres sont injustifiées à mes yeux!!
LE DESERTEUR
Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
"Refusez d'obéïr
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir"
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que j'emporte des armes
Et que je sais tirer.
Boris Vian
La Paix chassant la Guerre de Giulio Cesare Procaccini
La guerre est ce monstre qui se nourrit des propriétés, du sang, des vies, et plus elle en mange et en consomme et moins elle est rassasiée. La guerre est cette tempête terrestre qui emporte les champs, les maisons, les bourgs, les châteaux, les villes, et peut absorber en un instant les royaumes et les monarchies entières. La guerre est cette calamité, composée de toutes les calamités, où il n'existe mal dont on ne souffre ni dont on n'a peur, ni bien qui soit à soi et sûr. Le père n'est pas sûr de son fils, le riche n'est pas sûr de sa propriété, le pauvre n'est pas sûr de sa sueur, le noble n'est pas sûr de son honneur, l'ecclésiastique n'est pas sûr de son immunité, le moine n'est pas sûr de sa cellule ; et même Dieu dans les temples et dans les sanctuaires n'est pas en sécurité.
Padre António Vieira (1608-1687), Sermões.